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« Johnny Guitar » un film que nous vous conseillons !

Grace à une distribution fameuse de grandes stars du cinéma hollywoodien des années 50 telles que Joan Crawford, Sterling Hayden, John Carradine ou Ernest Borgnine, ce western « féministe » fit date.

La direction d’acteurs de N.Ray est moderne, très organisée pour ce qui concerne les déplacements dans l’espace, on peut même parler d’aspect chorégraphique du film et, au contraire, assez libre pour ce qui concerne le jeu des comédiens. Les élèves ont beaucoup apprécié ce film…

Voici les impressions des élèves de 2de1 et 1ère3 dans un compte-rendu collectif :
Johnny Guitar est le héros éponyme de ce film (Kewan). Il a troqué son colt contre une guitare (Valentine). Mais Johnny Logan est en réalité un « fou d’armes » qui les manie mieux que personne ! Il est engagé pour jouer de la guitare par Vienna, tenancière d’un casino saloon, qu’il a connue cinq ans auparavant (Annaëlle). Johnny a entretenu une relation passionnelle avec Vienna, dont il a été l’amant dans le passé (Rayen). Cependant Vienna n’a pas supporté le fait que Johnny se serve trop de son arme et surtout qu’il n’était pas prêt à vivre une vraie relation de couple (Pauline).

Avec « Johnny Guitar » N.Ray bouscule les codes du western, et malgré son titre donne le premier rôle à Vienna (Valentine). Les femmes n’ont pas besoin d’hommes pour vivre, pour être protégées (Channia). Les femmes sont dominantes et aux commandes, les hommes exécutent : Vienna renvoie bien l’image de cette femme dominante, dirigeante avec son pantalon, son ceinturon et son arme (Floriane) et cela dès l’affiche du film (Camille). Elle est souvent filmée en situation de domination, en gros plan (zoom) ou en haut des escaliers (Rayen), technique de la contre-plongée.

Les deux héroïnes se ressemblent physiquement (cheveux courts, montent à cheval, minces) mais moralement elles sont très différentes (Emma). Les deux comédiennes étaient même réellement en rivalité dans la vraie vie (Laura), au point que J.Crawford demanda à N.Ray de réécrire certaines scènes pour mettre en valeur le personnage de Vienna et lui donner un aspect plus viril.

Le réalisateur les oppose également dans les tonalités de leurs vêtements : Emma est toujours en robe noire ce qui la rend froide et peu attirante (Yuliy) alors que Vienna porte des couleurs vives (Tiziana) et chaudes la plupart du temps et du blanc dans la scène essentielle de « mise à mort », de plus lors de l’incendie du casino saloon, elle sera en harmonie avec les vêtements que porte Johnny, chemise jaune et nœud rouge qui la font ressembler à une flamme (Laura).

Pour Valentine, Emma est tellement cruelle qu’elle en paraît déshumanisée tandis que Vienna, grâce à son histoire d’amour avec Johnny, apparaît plus humaine, touchante. Selon Rayen c’est leur indépendance qui fait leur force ! En effet, ce sont deux femmes au caractère dominant, chacune contrôlant son territoire à l’image d’un Alpha et de sa meute et ce dans un univers profondément misogyne (Charlotte). Leur rivalité est due aussi à la jalousie d’Emma qui n’accepte pas que Dancing Kid, l’homme dont elle est amoureuse, la rejette pour Vienna (Célia). Une double rivalité existe donc bien dans ce film : celle des deux personnages féminins d’une part mais aussi la rivalité entre Johnny et Dancin Kid pour l’amour de Vienna (Cloé).

Pour Laura, le traitement du film lui a semblé très « mis en scène », ça ne fait pas naturel : on peut voir de faux raccords à l’arrière-plan, des scènes de jour puis tout de suite après c’est la nuit, les chutes des personnages comme celles de Turkey par exemple ne semblent pas naturelles également… De même, Isnella a remarqué que Vienna lorsqu’elle prend Turkey ensanglanté dans ses bras, ne tache pas du tout sa robe blanche !

Tiziana pense que le film a pu être réaliste à l’époque (années 50) mais plus de nos jours avec les avancées technologiques. Certaines scènes « dramatiques » paraissent comiques ! On retrouve dans ce film selon Charlotte un scénario codifié et immuable au genre, une trame autour de la rivalité clôturée par un duel à mort.

Pour Pedro, la scène d’entrée dans le saloon qui dure trente minutes lui a paru très réaliste dans la durée du moins et pour les moyens techniques de l’époque, les scènes de l’incendie et de la tempête de sable sont assez bien rendues !

Pour Bastien, la séquence clé est celle du braquage de la banque, cet événement va faire évoluer rapidement l’histoire.

Ce film peut faire écho au combat actuel des femmes pour l’égalité et le respect dans un monde résolument patriarcal (Charlotte). Encore aujourd’hui, les femmes ne sont pas mises en avant, elles sont encore jugées « inférieures » aux hommes (Chloé). Johnny Guitar peut avoir une résonance actuelle même si à l’époque de sa sortie en 1954, les gens y voyaient une forme de représentation du Maccarthysme. De nos jours, cela peut représenter n’importe quelle forme de « chasse aux sorcières » comme l’homophobie par exemple (Valentine).
Avec ce « western lyrique et flamboyant, N.Ray s’imposa comme un des plus étranges réalisateurs de la modernité » Maxime Donzel