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« Les théories du complot bien implantées au sein de la population française » : et dans notre lycée ?

Les élèves de 1e SS1 ont enquêté cette année auprès de différents publics du lycée des Eucalyptus. C’est un sondage de janvier 2018 et les critiques qu’il a suscitées qui ont constitué le point de départ d’une réflexion menée par les 1e SSI1 dans le cadre du cours d’Enseignement Moral et Civique (EMC).

Le quotidien Le Monde, le 7 janvier 2018, présentait ainsi les résultats d’une enquête alarmante concernant les thèses complotistes.
« Les théories du complot sont bien implantées au sein de la population française.
Ce phénomène est d’autant plus marqué chez les jeunes, révèle une étude de l’IFOP.
S’ils sont eux-mêmes à prendre avec précaution, compte tenu des marges d’erreur inhérentes à tout sondage, les résultats de l’étude sur le complotisme publiés dimanche 7 janvier par la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch, font froid dans le dos. Cette enquête de l’IFOP, réalisée en ligne les 19 et 20 décembre auprès de 1 252 personnes, montre une forte prégnance des théories du complot au sein de la population française en général, et des plus jeunes en particulier. Seules 21 % des personnes interrogées ne croient à aucune de ce genre de théories qui ont été soumises, via différentes assertions, à l’échantillon. »

Cependant, l’hebdomadaire Marianne pointait le lendemain tous les défauts de cette enquête, notamment le « mélange de complotistes éprouvés et débutants » : beaucoup de sondés devaient se positionner sur des théories dont ils n’avaient jamais entendu parler. De plus, les personnes interrogées ne se sont pas vu proposer de réponse « je ne me prononce pas ».

La mission confiée, et ils l’ont accepté,  aux élèves de 1e SSI1 a alors été d’élaborer leur propre enquête, en sélectionnant une série de thèses complotistes, et en déterminant les réponses possibles.

L’enquête définitive comprend donc 9 questions, et 4 réponses possibles. Les élèves pouvaient avouer ne pas connaître la théorie du complot proposée, mais émettre un avis malgré tout. Comme dans le sondage IFOP de janvier 2018, la réponse « ne se prononce pas » n’est pas possible. Il a s’agit surtout de voir quelles thèses sont mieux connues, et si les élèves osent se positionner en ne les connaissant peu ou pas.

L’enquête suivante a alors été distribuée à plusieurs classes du LP et du LGT (merci par ailleurs aux collègues qui ont aimablement accepté de prendre du temps sur leur cours pour nous aider !). Des enquêtes ont aussi été laissées à disposition au CDI, pour que des élèves volontaires puissent participer.

 

Les élèves de 1e SSI1 ont ensuite travaillé sur l’exploitation des résultats de l’enquête.

Ils ont d’abord trié, par niveaux, dans un fichier Excel, les résultats obtenus.
Les niveaux ou groupes de niveaux traités sont :

  • 2e LP, 2e LGT
  • le cycle terminal : 1e et Te LP, 1e et Te STI2D LGT (les 1es et Tes S ont été volontairement écartés de l’enquête, beaucoup connaissaient la professeure responsable du travail des 1e SSI1 et avaient déjà travaillé avec elle sur le même thème).
  • les classes postbac : BTS et CPGE.

 

Les résultats sont présentés sous forme de graphiques. Les élèves devaient réfléchir au type de représentation qui paraissait le plus pertinent en fonction des chiffres obtenus. Cela explique l’hétérogénéité des graphiques. De plus, les résultats sont parfois livrés en chiffres bruts, parfois en pourcentages.

Un des principaux enseignements de cette enquête est que les points de convergence sont nombreux entre les élèves de tous niveaux et de tous âges.

Certaines théories sont moins connues.

  • Beaucoup d’élèves (10% en moyenne) ne semblent pas informés que la question de la responsabilité du gouvernement français a parfois été soulevée, lors d’attentats comme celui contre Charlie Hebdo en 2015. Cela est surprenant car il y a quelques années les élèves évoquaient volontiers ces thèses.
  • La fabrication du virus du SIDA en laboratoire est souvent une thèse inconnue des élèves (plus de 30% en 2e au LP, 20% en moyenne dans les autres niveaux). On retrouve ces proportions au sujet du premier homme sur la Lune, ou des attentats du 11 septembre 2001.

Il semble que certaines théories du complot aient donc tendance à être de moins en moins relayées. L’âge des élèves est probablement aussi un facteur explicatif, certains événements ou théories sont pour eux trop anciens.

Une incohérence a été à chaque fois relevée.
Les élèves sont massivement d’accord pour affirmer qu’ils sont manipulés par des vecteurs officiels de l’information, à savoir l’Education nationale et les médias, mais en majorité ils pensent que les programmes d’histoire ne sont pas censurés. Après discussion avec les élèves de 1e SSI1, il est très probable que le doute envers les médias soit massif, mais qu’en revanche l’Education nationale inspire encore confiance…

Plusieurs thèses remportent une adhésion massive.
Une écrasante majorité avoue douter de certains faits présentés comme des vérités établies.
Le fait d’être espionnés et écoutés sur les réseaux sociaux est pour beaucoup d’entre eux une certitude.

En revanche, d’autres théories du complot, encore populaires il y a peu, remportent peu de suffrages.
La majorité des élèves n’implique pas le gouvernement américain dans les attentats du 11 septembre 2001, et pense que les premiers de l’Homme sur la Lune en 1969 sont une réalité.

Il a été possible de vérifier qu’un certain nombre d’élèves, malheureusement, se positionnent sur une théorie du complot sans la connaître, ou très mal.

Peu de différences fondamentales entre classes et niveaux ont finalement été relevées.
Il s’agit plutôt de nuances dans les chiffres, mais les tendances générales sont communes.

Le bilan est donc assez rassurant, si on se réfère au sondage IFOP évoqué plus haut.
Les élèves de notre lycée semblent moins sensibles aux thèses complotistes qu’on aurait pu l’imaginer.

Le travail réalisé est toutefois une enquête, modeste, et évidemment à améliorer, à préciser, à étendre aussi. Le problème des fake-news est un corollaire évident. Ainsi, une formation de plusieurs classes sur une saine utilisation d’internet et des réseaux sociaux, est en gestation pour la prochaine année scolaire.

Complotisme 2019

 

EMC Complot 2019

 

Sondage 2nd LP 2019

 

Sondage 2nd LGT 2019

 

Théorie Complot 2019