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« Loin des hommes » : la petite histoire dans la grande Histoire !

Echanges riches et instructifs entre les élèves de la classe de seconde 1 et Pascal Génot, analyses fines aussi : « Film poignant qui joue sur les sentiments de chacun des personnages » (Tom) ; « L’incident déclencheur arrive exactement au moment du début de l’insurrection (1954) et Daru l’apprend par le journal que lui montre son ami…Dès le début du film « on » est plongé dans une atmosphère pesante » (Hedi) ; «On peut faire un saut dans le temps – fin de la guerre et indépendance de l’Algérie – on ne peut plus revenir sur le passé» (Maximilien).

Le titre «Loin des hommes» a beaucoup fait parler les élèves, évoquant «un désert seulement avec la compagnie de ses élèves» (Ludivine), mais aussi le «milieu de l’Atlas algérien» «coupé du monde» (Elae), «au milieu de nulle part, n’ayant rien aux alentours» (Remy).
« Ils sont loin de l’humanité car les hommes qu’ils rencontrent sont comme des animaux : soit des prédateurs, soit des proies » (Léna). « Les soldats ou d’autres personnages sont présentés comme des êtres cruels et donc dénués d’humanité. Ainsi, ils ne seraient pas comme des hommes » (Georges).
« Loin des hommes » car personne ne les accepte » (Paul) Cet éloignement « ne signifie pas uniquement la distance physique mais aussi la distance morale. Ici l’homme signifie l’humanité avec un grand « H », donc loin de toute forme d’humanité » (Hedi), « l’éloignement de la condition humaine avec la guerre » (Ethan C).
« Loin des hommes », c’est « une atmosphère de conflit, de guerre, la guerre d’Algérie entre 1954 et 1962 » (Georges), un contexte marqué par de « fortes tensions entre des militants indépendantistes et des soldats de l’armée française » (Thomas F.)

Là, deux hommes voient leurs destins liés : « Daru, instituteur, commandant militaire, courageux (et) Mohamed, travailleur dans le blé, poursuivi par sa famille » (Nassim). « Mohamed se laisse plus porter par le destin sans se battre, alors que Daru, lui, veut contrôler sa vie » (Ugo). « Daru est d’origine espagnole, c’est un homme froid mais qui aide tout de même les gens qui l’entourent. Mohamed est un homme peu bavard mais reconnaissant envers Daru » (Andréa). « Daru est un peu misanthrope, il préfère être seul dans ses montagnes et a l’air d’éprouver un certain dégoût de l’humanité » (Léna).
« Ces deux personnages principaux passent par un chemin « loin des hommes » : ce n’est pas le plus court ni le plus rapide mais ils le prennent pour éviter de croiser des « cousins » de Mohamed » (Nathan E). « La relation ténue entre les deux personnages qui sont des opposés est incroyable : une relation fraternelle s’est installée » (Aya).

Le passage préféré des élèves dans une grande majorité est le « moment de la séparation » car s’il « marque la fin de tous ces événements, il marque également le nouveau départ pour ses deux personnages principaux » (Eliasse). « C’est le moment où Daru exprime toute la compassion qu’il a pour son protégé Mohamed » (Léna). « Quand (Mohamed) fait le choix de continuer dans le désert et de ne pas se rendre – comme Daru le lui avait conseillé – c’est très émouvant et un petit suspense naît pour le spectateur » (Ludivine). « Tous deux se rencontrent alors qu’ils pensaient être seuls et se séparent alors qu’ils pensaient avoir brisé cette solitude » (Yassine).
« Loin des hommes », c’est aussi une « réalisation de film très réussie car il y a de moins en moins de films réalisés avec des décors naturels » (Elae). « Ces décors aident à l’immersion du spectateur » (Georges), « le fait qu’ils aient tourné les scènes en Algérie » (Nassim) ; « le désert d’Algérie, un désert dangereux où le temps est aléatoire » (Sofyen). « Ils se trouvent dans la chaine montagneuse de l’Atlas, ce qui donne de belles images » (Andréa). « Les décors sont magnifiques » (Aaron). « Les décors naturels rajoutent un sentiment de « vrai » et appuient encore sur le contexte historique, ce qui rend le film « plus vrai que nature » (Tom).

L’intervention de Pascal Génot, particulièrement bien documentée, a permis d’éclairer les aspects historiques bien sûr mais aussi les notions de philosophie morale et politique ainsi que les dimensions esthétiques et narratives choisies par David Oelhoffen : « le sens de certains gestes, de certaines scènes nous a été expliqué de façon claire et compréhensible » (Ludivine). « J’ai compris qu’il y avait deux fins : la première qui concerne Mohamed, avec son exil chez les nomades et la fin de Daru, qui arrête d’enseigner » (Ugo). « Pascal Génot nous a bien expliqué la fin qui était trouble car on ne savait pas quel était le sort de Mohamed, de se rendre ou de commencer une nouvelle vie » (Sofyen)
« Il m’a aussi permis de mieux comprendre les personnages et leurs choix » (Nathan E), « et rendre plus juste l’histoire autour de la colonisation par les Européens » (Hedi), « grâce aux différentes études menées à partir d’extraits, avec des commentaires de certains camarades, en observant les moments forts du film » (Eliasse).

En résumé, même si certains élèves auraient aimé plus d’action, le film a su les toucher : « C’est un film très marquant que j’ai beaucoup apprécié regarder ! » (Thomas F.), « une atmosphère remarquablement prenante » (Maximilien), « on s’attache aux personnages » (Paul), « j’ai bien aimé le film dans l’ensemble, surtout les scènes de guerre, un film très instructif » (Thomas A.). « Très beau graphiquement, de beaux décors et un bon son ! » (Loan).
Comme l’a conclu Pascal Génot « On perçoit toujours un objet artistique en ayant des horizons d’attente spectatoriels! ». Au-delà du ressenti esthétique, « Loin des hommes » nous enseigne la Mémoire… les mémoires qu’elles soient collectives ou individuelles, et nous permet de nous questionner nous-mêmes!

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